Dernier soir à Bogotá
Vous frémissiez, mais l'estomac de Vincent a vaillamment résisté au trajet Manizales - Bogotá ce qui n'était pas le cas de celui des passagers du fond. Les colombiens ont une faculté incroyable à vomir sans le moindre bruit avant de remanger avec appétit Patacones et autres fritures. Bogotá sera donc la dernière capitale de notre périple le long du pacifique. Installés à La Candelaria, quartier historique où il fait bon se promener (tant qu'il y a de la lumière, bien sur !), nous avons alterné visites, musée Botero, musée del Oro, tourisme à la cathédral de sel de Zipaquirá, shopping.
Le soir tombe sur Bogotá et nous voilà au bout de notre voyage. Nous allons retrouvé les parents de Noémie qui rentrent en même temps que nous de deux ans de navigation autour de l'Atlantique.
Gros sous
Nous arrivons au terme de notre voyage, voilà un an que nous alimentons ce blog avec nos aventures, nos photos et grâce à vos commentaires. C'est l´heure de parler gros sous. Nous sommes partis avec un budget de 12000 euros par personne. Il nous en reste 500. Le graphique ci-dessous donne par pays nos dépenses en moyenne journalières par poste. L'aérien et l'assurance sont ventilés sur l'année.
Budget journalier (pour nous deux) par pays
Le volcan imaginaire
La colompluie, ça n'arrête pas...
Le sablier s'écoule et nous avons laissé derrière nous San-Agustin et ses cow-boys en poncho. Non contents d'avoir gravi la petite butte de la Pelota, volcan depuis longtemps éteint, nous avions détourné nos yeux vers le Nevado del Ruiz près de Manizales. Première épreuve : trouver un transport (à roues et sans pattes) qui quitte San Agustin en ses temps troublés d'élection. Les supputations allaient bon train sur les dangers avérés ou réels dûs à la guérilla, les plus pessimistes nous déconseillant de voyager et les plus optimistes disant que la situation était toute à fait normale. Résultat tous les transports furent bloqués ce jour de dimanche électoral. Pour les curieux, Juan Manuel Santos successeur d'Uribe a finalement été élu haut la main face à son challenger du parti verde Antana Mockus. Et nous pûmes donc partir sans encombre pour Manizales via Bogotá où nous arrivâmes au terme de 24 heures de voyage.
Ville étrange perchée sur un fil que Manizales, maintes fois détruite par des incendies et tremblements de terre, mais ville ouverte avec ses habitants plus que charmants : toutes une équipe d'étudiants (Juan, Gloria, Leticia...) de notre hôtel nous a ainsi fait découvrir la cité. Comme le titre l'annonçait plus haut, il a plu sans arrêt et quand nous nous décidâmes à braver les éléments pour prendre une Chiva en direction du Parque de los Nevados à quatre heures et demie du matin, une averse orageuse diluvienne nous en empêcha. Inti que t'avons nous fait ?
En désespoir de cause, nous avons fait le tour des parcs de la ville, une visite touristique organisée par deux guides policiers taquins et une jolie sortie au pays du café à Neira.
La suite du voyage sera donc Bogotá, mais l'estomac de Vicent saura-t-il résisté aux huit heures de folles montagnes russes qui s'annoncent à bord du bus "mini-royal" ?
Chevauchée fantastique
Equitation : art de maintenir un cheval entre soi et le sol.
Arrivés à San Agustin, nous avons donc entrepris de mettre en pratique cette maxime et avons sillonné cette région caféière à dos de "caballo", accompagnés de Rivellino, notre guide. Les souvenirs de ma ballade en âne à l'age de quatre ans dans le cirque de Gavarnie m'ont bien servi, merci Maman ! Vincent montait Paloma un hongre un peu badin et Noémie Mariposa une gentille jument. Nous avons ainsi pu découvrir les vestiges de la civilisation de San Agustin, des tumulus, dolmens mais surtout ces statues géantes anthropo-zoomorphes, représentant des grenouilles, hiboux, serpents, singes aux longues canines. Les supputations vont bon train sur cette civilisation dont l'âge d'or s'étendit de -1000 à 1400 de notre ère. En réalité le mystère de ce peuple reste entier.
Le lendemain, nous avons poursuivi notre itinéraire archéologo-touristique en allant avec Marino en jeep à Los Altos de los Idolos tout en profitant à souhait des plantations de café, cannes à sucre, banane, lulo et des très belles cascades.
Un conseil donc pour les plus férus d'équitation : des randonnées peuvent être organisées depuis San Agustin jusqu'à Otavalo en Equateur, dépaysement garanti !
Saison des pluies
Ils nous suivent les gros nuages. La colombie en Juin c'est vert et humide. Le passage de la frontière se fit étonnament facilement pour deux pays qui s'entendent comme chien et chat (plus de relations diplomatiques depuis 2008 et le bombardement en Equateur d'une base des FARCS).
A Ipiales la ville frontière, nous avons pris un de ces mini-vans qui semblent constituer l'essentiel de la flotte routière du pays. Nous fûmes mis toute suite dans l'ambiance avec la station de la radio de l'armée nationale. L'armée est très présente et nous commençons à nous habituer aux sempiternels contrôles. (Au début, Vincent avait du mal à écarter les jambes pour la fouille au corps, mais un petit coup de ranger bien placé l'a aidé).
Mais ne donnons pas de mauvaise impression, le pays est vraiment très beau même si nous en devinons une grande partie entre les nuages : des collines aux forêts équatoriales, alternant avec plantations de bananiers, canes à sucre, café...
Première étape à Pasto, nous avons alors décidé de remonter plus vite au nord, malgré l'accueil chaleureux de Don Luis, il pleuvait... Adieu espoirs d'ascension de l'Azufral.
Une jolie étape ensuite à Popayan qui a conservé son charme colonial intact. Là encore les offices de tourisme et musée sont garnis de guide-militaires. Nous avons entrepris une petite excursion à Coconuco décidant de braver l'eau du ciel en nous immergeant dans des eaux thermales "Aguas hirviendo". Au retour, pourtant prêts à affronter l'averse imminente, un étrange hybride de camion, bus aux couleurs bigarrées, encore appelé "Chiva bus" nous a offert un "lift" privé jusqu'au village sur des airs de salsa colombienne.
Chiva bus
Otavalo, 0° 14' 0" nord
De retour dans l'hémisphère nord après cinq mois austraux, nous avons posé nos sacs à Otavalo.
Coup de chance, c'était samedi, jour de marché et quel marché ! Chaque mètre carré du centre-ville est occupé par un étal vendant de l'artisanat. Bon, il faut bien regretter l'uniformisation et la standardisation mais cela reste une agréable ballade.
El lechero au dessus de Otavalo
Le temps était apparemment bien déréglé en Equateur puisqu'après une sécheresse inédite il y a quelque mois, l'été n'arrivait pas à s'imposer : gros nuages et pluie intermittente. Après l'Altar, notre quête des volcans a subi un nouveau revers du côté de la Laguna Mojanda. Nous pensions gravir le modeste Fuya-fuya mais c'était sans compter la pluie qui est venue nous glacer les os sur cet altiplano désolé. Bon qu'à cela ne tienne, nous partîmes faire le tour du cerro negro au dessus du lac volcanique. Boue et boue à laquelle s'ajouta vite des rideaux de pluie. Plus mal loties que nous des voitures s'étaient embourbées sur le chemin. Nous rencontrâmes alors un singulier équipage dans l'une d'entre elles. Deux espiègles mamies quiteniennes, Edwin, chauffeur bras cassé et Kevin un américain en vacances. Trempées, nous montâmes donc attendre que le grain passe tout en bavardant avec nos gentilles hôtesses qui étaient grimpées l'une sur l'autre pour nous faire de la place. Puis nous avons poussé, soulevé, tiré, le "carro" qui ne bougeait pas d'un pouce. En désespoir de cause nous allâmes cherché du renfort au bord du lac et toujours sous la pluie. Nous trouvâmes un petit monsieur moustachu, muet et sautillant qui nous fit comprendre qu'il avait un tracteur. Mais il nous fallait rentrer et nous laissâmes donc Edwin et Kevin que nous vîmes tout
petits partir gaiement vers notre oubli.
Laguna Mojanda
Toqués de Quito
Dernière halte dans l'hémisphère sud, le Quito colonial nous a séduit comme aucune autre capitale d'Amérique du Sud. Nous y avons fait une jolie escale à l'hôtel Flores de Don Jaime.
Du quartier de la Ronda aux cloîtres des monastères San-Fransisco, nous avons flané sous le soleil retrouvé. Soirée pyjama en revanche, le quartier se vide complètement après la tombée de la nuit et malgré la présence sympathique ça et là de gentils policiers, nous avons préféré que nos poches restent nos poches.
Une petite escapade en "banlieue" nous a amenés au pied du Cerro Ilalo, volcan éteint depuis fort longtemps. Sur ces pentes, nous avons vu pour la première fois de notre séjour le majestueux Cotopaxi.
¡Sube no mas!
Expression à tout faire qui sort régulièrement de la bouche de tout équatorien que l'on pourrait traduire approximativement par "monte sans hésiter !". Pour dire vrai, l'expression est appropriée, nous avons passé du temps à grimper le relief volcanique du pays mais aussi à nous hisser dans les bus à la conduite un brin suicidaire (heureusement la vierge du rétroviseur intérieur veillait sur nous !). Alors "Suban no mas !" et c'est parti !
Campagne dans le pays Tigua
Après la déconfiture de l'Altar, nous nous sommes établis à Latacunga au pied du volcan Cotopaxi, lui aussi sous d'épais nuage. Un bon pied à terre cependant pour découvrir le lac Quilotoa, niché dans un cratère et qui résulte de l'explosion du volcan du même nom il y a 800 ans. Ce fut l'occasion pour Marcelo notre guide de nous enseigner quelques rudiments de médecines locales. Chaque plante a sa fonction depuis la chicorée ou le pissenlit familiers mais aussi des lichens, des feuilles dont le nom quechua signifie mains de grenouille et plein d'autres espèces inconnues pour nous. Il faut dire qu'ici les gens ne se soignent que par les plantes. L'hôpital ? Ce n'est que pour les opérations autrement on rembarque le malade pour traitement à domicile. Bon et puis il nous a quand même bien fallu remonter ce cratère, alors Sube no mas !
Laguna Quilotoa